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Transmettre progressivement son outil de production

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Didier CONJARD est agriculteur dans la Drôme. Il s’est converti progressivement à l’agriculture biologique depuis 1999. Il cultive des pommes, poires, cassis, framboises et fraises sur une trentaine d’hectares. Il transforme une partie de sa production, qu’il vend en direct. Il est également administrateur à la Maison Familiale Rurale (MFR) d’Anneyron.

 

ETRE A L’ECOUTE ET RESTER OUVERT !

Didier CONJARD a toujours aimé échanger sur son métier. Il en a régulièrement l’occasion avec les salariés et saisonniers de son exploitation, mais aussi avec des stagiaires et des jeunes en formation agricole à la MFR. « Notre métier d’agriculteur est complexe. Il nécessite d’acquérir de nombreuses connaissances liées à la diversité des tâches de notre activité ; cela effraie souvent les jeunes ». Il souligne aussi « la difficulté actuelle d’attirer des candidats vers les productions spécialisées, arboricoles et fruitières, et, la difficulté de leur faire découvrir un métier technique et exigeant au quotidien en termes de temps de travail ».

FACILITER LES INSTALLATIONS !

Depuis toujours, Didier CONJARD a, à cœur, de maintenir des exploitations agricoles sur son territoire et de lutter contre la désertification des campagnes. Il tient également à poursuivre le développement de l’agriculture biologique sur sa commune. « Il y a beaucoup de jeunes qui s’intéressent à l’agriculture et je souhaite que ma commune continue à avoir un nombre conséquent d’agriculteurs. C’est quand même plus intéressant de travailler avec son voisin proche que de rester tout seul sur son tracteur toute la journée ! Je souhaite vraiment que mon exploitation puisse permettre une voire plusieurs installations plutôt que d’être absorbée par une structure voisine ».

 

PREPARER UN PREMIER PROJET DE TRANSMISSION !

Quand la question de la transmission a commencé à se poser, Didier CONJARD a réfléchi aux potentiels et aux contraintes de son exploitation tout en tenant compte des nombreux échanges qu’il avait pu avoir sur le métier d’agriculteur. Il a donc décidé de céder son exploitation en plusieurs temps tout en se positionnant fortement sur l’accompagnement des repreneurs. « J’ai pris contact avec le Point Accueil Transmission (PAT) de la Chambre d’Agriculture de la Drôme pour exposer mon projet ». Un état des lieux de l’exploitation a été réalisé pour bien déterminer ce que Didier CONJARD voulait céder et définir son premier projet de transmission : « 2,5 ha en petits fruits (essentiellement des framboises) et en arboriculture, en agriculture biologique, avec un atelier de transformation et de la vente directe ». L’accompagnement s’est fait dans la cadre du dispositif « Concrétisation-Transmission » financé par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. « Cela permet de se poser des questions sur la transmission de son outil et de réfléchir concrètement à l’adéquation entre l’offre d’exploitation et le potentiel de reprise par des porteurs de projet ».

 

LA REPRISE DU CAPITAL NE DOIT PAS ETRE UN FREIN !

Les résultats économiques des ateliers cédés sur 2,5 ha en termes de production, de transformation et de vente directe étaient plutôt intéressants. Ils étaient disponibles pour les candidats qui pouvaient s’appuyer sur des données concrètes pour préparer leur projet d’installation. « Les porteurs de projet ne partaient pas de rien mais d’un existant qui présentait certaines garanties financières. La reprise du capital étant souvent un frein à l’installation, j’ai fait le choix de rester propriétaire et de louer l’activité pour permettre à des candidats qui n’ont pas (ou peu) de capital de s’installer ».

 

PERMETTRE AUX REPRENEURS D’ACQUERIR DE L’EXPERIENCE ET DU SAVOIR-FAIRE !

Sur ces bases, une offre d’exploitation est parue en octobre 2019 dans le Répertoire Départ-Installation (RDI). Le projet de reprise s’est fait assez rapidement. Après quelques contacts et mises en relation, deux personnes en formation agricole se sont présentées début 2020. Elles ont fait la saison de récolte de framboises en 2020, en tant que salariées, à l’issue de laquelle elles ont souhaité aller plus loin. Didier CONJARD leur a proposé de continuer leur expérience dans le cadre d’un stage test installation transmission (STIT) de 7 mois. En parallèle, l’étude de faisabilité du projet et le montage du dossier DJA pour l’une d’entre elles - l’autre ayant plus de 40 ans ne pouvait être éligible - ont été réalisés.

« L’objectif du stage était de mieux appréhender l’exploitation, les pratiques agricoles, mais aussi de pouvoir bien comprendre tout l’environnement agro-économique de la structure et tout ce qui entoure l’agriculture… ce qui est primordial surtout en transformation et vente directe. Cela m’a également permis de réaffirmer mon souhait de maintenir le système en agriculture biologique dans lequel je m’étais engagé depuis plus de 20 ans. Les candidates ont donc finalisé leur projet et les différentes étapes administratives avec le stage. Elles ont été en situation d’autonomie pour la récolte 2021. »

Aujourd’hui, Didier CONJARD est encore agriculteur puisqu’il n’a cédé que 2,5 hectares sur la trentaine exploitée. Pour ses repreneurs, il est toujours présent à leur demande en tant que « référent technique ». Toutes les semaines, il y a encore des échanges notamment sur les charges de travail, les travaux à réaliser, les observations à mener. Il leur apporte du soutien pour s’organiser et se motiver, d’autant que 2021 a été une année compliquée avec les aléas climatiques auxquels l’arboriculture a été confrontée. « Je reste présent si besoin, bien que chacun ait sa façon de procéder. Les échanges en amont de la reprise sont primordiaux pour mener à bien le projet de transmission. Le stage test sert aussi à cela, à prendre en compte les pratiques de chacun et accepter les nouvelles pratiques ! En agriculture, et plus particulièrement en agriculture biologique, il y a un savoir-faire à transmettre, des observations qui ne s’acquièrent que par l’expérience sur le terrain » insiste Didier CONJARD.

 

RESTER MOTIVE POUR PREPARER UN SECOND PROJET DE TRANSMISSION !

Pour Didier CONJARD, qui a 58 ans aujourd’hui, une deuxième phase de transmission va démarrer pour céder le reste de son exploitation et/ou trouver un associé. Il souhaite se rapprocher de la Chambre d’Agriculture de la Drôme pour un nouvel accompagnement et tenter une voire plusieurs nouvelles installations sur sa commune pour maintenir le tissu rural.